Une fois n'est pas coutume, voilà une activité pour l'enseignant, à propos des éclipses désormais totales dans les classes de nos enfants. L'article est découpé ainsi : une <strong>situation de départ</strong> permet de <strong>se questionner</strong> sur la gestion d'un événement aussi rare, et de trouver une <strong>alternative à ce grand n'importe quoi</strong> que nous avons vécu aujourd'hui.
Eclipse 2015

Situation-problème

Hier soir, message de la maîtresse de ma fille (5 ans et demi, 1e enfantine) : demain, pas de gymnastique en raison de l’éclipse de soleil. Non non, le cours d’éducation physique n’a pas lieu à l’extérieur, mais bien en salle… sauf qu’il faut une dizaine de minutes pour traverser le village afin de se rendre de leur école à la salle de gymnastique.

Aujourd’hui, de retour de l’école, ma fille marche les yeux rivés sur le sol, parce qu’une éclipse, c’est dangereux, il ne faut pas regarder. D’ailleurs, la maîtresse a fermé les stores de l’école ce matin.

Questionnements

L’éclipse d’aujourd’hui est très rare : environ 70 % du Soleil masqué par la Lune. Je me souviens bien de la dernière du même ordre, c’était en 1999, j’avais 17 ans et le ciel était nuageux… Une autre avait eu lieu entre deux, mais bien moins conséquente. On nous annonce la prochaine dans les années 2020. C’est dire si l’événement n’est pas courant.

Qu’auront retenu les enfants aujourd’hui, enfermés dans leur salle de classe, privés de récréation et de gymnastique, de ce phénomène qui étonne, émerveille, fascine ou surprend les Hommes depuis bien longtemps ? Qu’une éclipse, c’est dangereux. Bravo. Sur internet, pas de danger, on peut la voir en direct des Îles Féroé, de Svalbard.

Que se serait-il passé si on avait fait comme si de rien ? Les élèves auraient été à la gymnastique, n’aurait sûrement pas eu envie de lever les yeux pour fixer le soleil brillant, auraient joué dans la cour sans réel danger. Bon franchement, ça aurait été dommage de ne pas vivre cette éclipse même partielle.

Personnellement, avec mes classes, j’étais sur les pistes de ski, pour une journée dans la neige. La sortie n’a pas été annulée, nous n’avons pas enfermé les élèves à la buvette durant 2 heures, simplement averti de ne pas fixer le soleil, même avec leur masque de ski ou autres lunettes. Et franchement, si personne ne savait qu’il y aurait une éclipse, qui l’aurait remarquée ? Oui, le soleil était moins fort durant un moment, mais avec un très léger voile nuageux, on ne pouvait pas deviner que c’était la faute de la Lune.

Que faire en 2021 ?

Le problème pour l’éclipse de 2015, c’était le manque d’anticipation : qui en a entendu parler avant ces derniers jours ? Personne. Pour quelle raison, la faute à qui ? Sûrement aux astronomes professionnels ou amateurs qui n’ont pas réussi à faire passer un message aux bonnes personnes.

Notre département de l’éducation, le DFS, a simplement transmis une espèce de directive mercredi pour avertir les directions du danger de l’éclipse. En anticipant, ce même département aurait pu transmettre des moyens de profiter de l’événement exceptionnel.

Les médias n’ont pas non plus beaucoup anticipé le phénomène : avertir la veille, c’est bien, mais pour la gestion du stock de lunettes, ce n’est pas très pratique.

La prochaine sera donc en 2021, prenons donc les devants, notons dans notre agenda la date et l’heure du rendez-vous, et commençons à imaginer des moyens d’observation :

  1. méthode la plus simple, proposée par la Société suisse d’astronomie : la balade en forêt et l’observation à travers les feuilles. Pas con.
  2. méthode la moins dangereuse (observation indirecte) : un carton à chaussures avec un trou d’épingle à travers lequel la lumière passe, et une feuille comme écran au-dessous (ou un autre carton). Ainsi, plus le trou est petit, plus l’image est nette (mais peu intense) et plus le carton est éloigné, plus l’image est grande. Ce bricolage peut évidemment être amélioré avec un carton complètement fermé, un petit trou d’un côté, une ouverture pour les yeux et un écran dedans (ça évite la lumière qui entre par les côtés). Ça peut même se faire avec deux feuilles de papier.
  3. méthode la plus chère : prévoir des lunettes pour les élèves.
  4. méthode la plus extraordinaire : inviter un spécialiste avec du matériel pour l’observation. Il n’y a sûrement pas assez de spécialistes pour chaque école, mais en s’y prenant 6 ans à l’avance, ça devrait jouer !

Aucune excuse donc pour ne pas laisser les stores ouverts la prochaine fois, à condition bien sûr, je le répète, de pouvoir anticiper.